TRAILS OF TEARS (2010)

01 Nunna Daul Sunyi (Le chemin où nous avons tant pleuré)

02 Tagaloo Georgia

03 Tahlequah Oklahoma

04 The Indian Removal Act I

05 The Indian Removal Act II

06 Gore

07 Middle Passage

 

 

Août-décembre 1838 : 15 949 Indiens Cherokees (et esclaves) quittaient, contraints et forcés, la Géorgie (la « terre enchantée », berceau territorial de leur peuple) pour l’Oklahoma, à l’ouest du Mississippi, afin de rejoindre les territoires qu’on leur avait « réservés ». Pour ceux qui avaient fait le choix d’emprunter la voie du nord (1 500 kilomètres), 153 jours furent nécessaires pour accomplir ce chemin de croix, en quelque sorte l’Iliade de la nation cherokee et qu’ils finirent par nommer « le Sentier des larmes » (The Trail of Tears ) dont 4000 d’entre eux n’arrivèrent jamais.
Tout comme Clameurs, oratorio pour trompette et voix sur livret de Frantz Fanon, Edouard Glissant et Monchoachi (opus sorti au printemps 2007), le nouveau projet de Jacques Coursil s’enracine dans une profonde quête de sens. Prenant pour argument le terrible récit de cette déportation, détaillée précisément par l’universitaire Bernard Vincent (Le Sentier des larmes, Flammarion 2002), Jacques Coursil invoque les fondements des questions africaines-américaines, de leur histoire et de leur expression dont le jazz représente le canal le plus évident et le plus significatif. Mais de manière plus large encore, notre homme questionne en réalité le fait colonial tout entier, ce moment de l’histoire où le monde a basculé.
Jacques Coursil a convié 2 ensembles autour de lui
-CADENCES LIBRES offre une suite de compositions enregistrées en Martinique avec Jeff Baillard, Alex Bernard et José Zebina. Pièces instrumentales creusant le sillon de CLAMEURS et où Jacques Coursil fait naitre l’émotion avec virtuosité de ses traits de trompette plus narratifs que jamais.
-FREE JAZZ ART propose l’oratorio enregistré entre Paris et New York avec Sunny Murray, Bobby Few, Alan Silva, Mark Whitecage et Perry Robinson. Le concept moteur du projet est la déstructuration des formes, de la l’harmonie tonale et du rythme. Cette déstructuration étant un procédé hautement émotionnel puisqu’il figure l’artiste se battant contre un monde hyperstructuré dans lequel la liberté n’est jamais totalement achevée.
Ce projet se conçoit comme l’invitation faite par un compositeur, également interprète, à rassembler d’autres musiciens porteurs de leurs propres singularité dans un idiome free jazz et contemporain. Chaque voix contribuera à apporter à ce projet une valeur historique représentative. Chaque musicien est invité en tant qu’improvisateur-compositeur et reconnu comme virtuose de son instrument apte à développer son propre son, un espace acoustique particulier où les timbres seront questionnés à l’extrême.

Bruno Guermonprez